C’était il y a plus de 40 ans, l’incroyable affaire de triche à la roulette au casino de Dieppe

Publié le 12/02/2021

En 1977, au casino de Dieppe, dans le département de la Seine-Maritime, il n’y avait pas de Covid-19, pas de confinement, pas de mise à l’arrêt. Non, ce qui inquiétait la brigade des jeux en ce temps-là, c’était surtout un déficit surprenant et anormal aux jeux de roulette. Les soupçons avaient donné lieu à une enquête sensationnelle. Il faut dire qu’à l’époque, il était impensable que des employés et clients d’un même casino puissent unir leurs forces pour frauder ! Décryptage.

Casino de Dieppe : une immense fraude à la roulette et sept inculpés

En 1977, dans les salons aux couleurs chatoyantes du casino de Dieppe, la bille de la roulette ne tournait pas rond. À tel point que la brigade des jeux et des courses prit le taureau par les cornes et mena une enquête dans le plus grand des secrets. Mais des secrets, il n’y en eut pas bien longtemps : deux ans plus tard, les 23, 26 et 27 février 1977, sept masques tombèrent.

Le pire dans cette histoire de fraude aux jeux de roulette, c’est que sur les sept personnes inculpées, six d’entre elles étaient des employés du casino (deux valets et quatre croupiers, pour être plus exact). Et ce n’est pas tout ! Certains « barons » avaient aussi éveillé les soupçons, des clients complices qui quittaient le casino avec des sacs remplis à ras bord de jetons ! Les malversations s’étaient tenues pendant deux années, en toute impunité, en raison d’un manque de surveillance. Mais fatalement, une piètre erreur de caisse termina de mettre la puce à l’oreille des enquêteurs, qui finirent par intervenir.

Un préjudice de 2,2 millions de francs, une « vengeance contre le patronat »

Le principal motif avancé par les inculpés — qui furent finalement au nombre de trente-cinq, parmi lesquels on trouvait tout de même vingt-trois employés prévenus —, n’était autre qu’une « vengeance contre le patronat ». En effet, les croupiers du casino de Dieppe reprochaient à leurs employeurs d’avoir réduit leurs pourboires sous prétexte que les finances de l’entreprise étaient au plus mal. « Les vols sont la récupération de ce qu’ils nous doivent », faisaient valoir les salariés du casino.

Tandis que 2,2 millions de francs de pertes avaient officiellement été estimées, devant le tribunal correctionnel de Dieppe, l’affaire prit des proportions étonnantes, se dégonflant même par moment. En effet, les juges décidèrent de ne retenir qu’un préjudice de 776 750 francs. Malgré tout, vingt-neuf des salariés et clients écopèrent de prison avec sursis. Quant à la direction du casino, elle fut condamnée moralement pour « inaction », cette dernière ayant empêché toute enquête immédiate et efficace. L’affaire de triche à la roulette au casino de Dieppe, on n’est pas prêts de l’oublier !